N’allez surtout pas croire que l’idée était inouïe, inédite, insolite. Ou qu’elle était révolutionnaire. Ce n’était qu’une petite idée sympa, ayant juste fait ses preuves ailleurs, gentiment, sans fracas. Mais à Maurice, il ne suffit pas d’avoir suscité l’intérêt de la ministre responsable et obtenu son accord. Il faut encore trouver le bon lubrifiant pour les rouages où ça coince.
Les organisateurs de la rétrospective Serge Constantin ont pu mobiliser un certain nombre d’artistes, dont quelques uns très connus, pour animer des ateliers de dessin avec des enfants. Ouverts en week-end à tous ceux que leur parents souhaiteraient inscrire, ces ateliers devaient accueillir, en semaine, des scolaires, venus des établissements primaires publics des villes-sœurs. Appréciant l’idée, la ministre de l’Education avait donné son accord. Mais cela ne suffit pas pour que la machine administrative secoue la rouille qui grippe ses engrenages. En haut, on était pour mais, à l’étage inférieur, il s’est trouvé quelqu’un dont cela dérangerait, peut-être, le confort et les habitudes. On expliqua aux promoteurs de l’idée qu’il fallait tenir compte des questions de sécurité. La sortie scolaire serait-elle donc inconnue à Maurice ? On souligna aussi que les enfants avaient des examens à passer bientôt. Finalement, pour ne pas laisser les organisateurs partir les mains vides, l’administration leur concéda des élèves de Form IV et Form VI Lower, uniquement de ceux inscrits en Art. Dessin et peinture pour un résultat scolaire, on veut bien… pour un éveil de la sensibilité et de l’imaginaire, non, non, ils doivent réviser pour les examens, ils ont des leçons… Espérons qu’il ne se trouve pas un démagogue pour dire un jour que les belles initiatives sont proposées uniquement aux établissements privés. Lire aussi: Constantin en quatre actes
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Gilbert AHNEE - L'Observateur
Ancien responsable de publications à Maurice et à Madagascar, Gilbert Ahnee fut journaliste d’opinion pendant un quart de siècle. |
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