Shaka King n’est pas Spike Lee. Le jeune réalisateur américain s’attaque avec 'Judas and the Black Messiah' au biopic de Fred Hampton. Membre charismatique des Black Panthers, Fred Hampton n’avait que 21 ans quand il a été tué par la police ce 4 décembre 1969 à Chicago. Ce n’est pas un spoiler, c’est l’histoire. Faute de cinémas ouverts à Maurice et en France, 'Judas and the Black Messiah' est sorti en 'première' ce mois-ci sur Canal + (My Canal et à la demande). Focus sur ce film aux cinq nominations aux derniers Oscars. Lire aussi: 'The Trial of the Chicago 7', le choc des cultures L’histoire de Fred Hampton était méconnue. Elle l’est moins aujourd’hui. 'Judas and the Black Messiah' suit l'ascension fulgurante de Fred Hampton, militant politique afro-américain, membre du Black Panther Party dans l'Illinois. Pour l’incarnation de ce personnage charismatique, Daniel Kaluuya a reçu la semaine dernière un Oscar. L’acteur révélé par Jordan Peele dans le film d’horreur champion au buzzométre 'Get Out', porte avec ferveur la passion de Fred Hampton. Une rage pour les droits de l’homme, l’égalité, le citoyen. Une haine contre le capitalisme et ses symboles, les puissants, la police. Fred Hampton n’a que 20 ans, mais ses discours mobilisent dans une ville où le racisme et l’injustice sont partout. L’immersion dans ces milieux militants de Chicago, particulièrement des Black Panthers, est la force du film. Ces "camarades" vont s'unir et faire trembler les Etats-Unis. 'Judas and the Black Messiah' s’infiltre dans les coulisses de ce mouvement révolutionnaire de libération afro-américaine d'inspiration marxiste-léniniste et maoïste, formé en Californie le 15 octobre 1966 par Bobby Seale et Huey P. Newton. Lire aussi: Spike Lee s'amuse du Ku Klux Klan dans 'BlacKkKlansman' L’histoire, entre trahison et révolution, est passionnante car elle résonne et continue de hanter l'Amérique contemporaine. Trahison car outre Fred Hampton, 'Judas and the Black Messiah' s’intéresse à Bill, infiltré dans le parti des Black Panthers pour le FBI (un personnage incarné par Lakeith Stanfield autre acteur en vogue révélé dans 'Get Out'), . Entre thriller et biopic, Shaka King ne choisit pas son camp, au détriment du film. Son 'Judas and the Black Messiah', sans rythme et sans éclats, n’a ni l’ampleur ni le souffle requis pour le genre. Spike Lee avec 'Malcom X' et 'The BlackKklansman', Kathryn Bigelow avec son chef d’œuvre 'Detroit', ou Aaron Sorkin avec 'The Trial of the Chicago 7', réussissaient à dépeindre sans compromis une Amérique à feux et à sang, au bord de l’implosion. Shaka King, ici réalisateur – novice – et scénariste, s’est attaché à fidèlement retranscrire l’atmosphère de l’époque. Les mots plutôt que l’émotion. Malgré une histoire révoltante, 'Judas and the Black Messiah' est trop académique pour être le film bouleversant qu’il méritait d’être. Dommage, mais à voir.
Judas and the Black Messiah –
69%
Shaka KingAvec Daniel Kaluuya, Lakeith Stanfield, Jesse Plemons... Genre: Biopic Durée: 2h06 Visa: For All Synopsis: A la fin des années 60, Bill se fait pincer par le FBI pour un vol de voiture et usage de faux papiers de police, on lui propose alors d'infiltrer le parti des Black Panthers et de devenir un véritable Juda trahissant tous les plans secrets de son leader, Fred Hampton. Bill accepte le chantage et aide le FBI a déjouer les activités des Black Panthers, jusqu'à leur permettre d'attaquer ses membres les plus actifs.
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