‘Serenity’, voilà un nom qu’on aurait pu attribuer au cyclone approchant nos côtes. Détruit par la quasi-totalité de la presse spécialisée américaine, repoussé à trois reprises, charcuté au montage, le film de Steven Knight, scénariste réputé (Les promesses de l’ombre) et réalisateur respecté depuis le formidable ‘Locke’, est arrivé sur notre île précédé d’une réputation catastrophique. Sorti mercredi dernier dans les cinémas mauriciens (le film est distribué dans les cinémas Star, uniquement en VO et sans sous-titres, un mois après sa sortie américaine), ‘Serenity’ était attendu avec une certaine fébrilité. La première production hollywoodienne de l’histoire tournée (intégralement) sur le sol Mauricien est-elle le désastre redouté ? Embarquons sur ‘Serenity’, le bateau de pêche de Matthew McConaughey. Bienvenu à Plymouth Island ! Matthew McConaughey (de tous les plans et souvent nu) est un pêcheur vivant reclus sur cette minuscule île. Le matin, il plonge (nu) dans la mer. La journée, il pêche. Le soir, il boit du rhum dans le seul bar de l’île, puis fait l’amour (nu, fort logiquement) avec la seule femme de l’île (Diane Lane, magnifique). Une routine, très dénudée donc et ensoleillée, perturbée par l’arrivée sur l’île de son ex-femme (Anne Hathaway, sexy). Contre 10 millions de dollars, elle lui demande de tuer son nouveau mari (Jason Clarke, parfait) lors d’une excursion en mer. De tout le lynchage médiatique (lire notre article: ‘Serenity': Mélodrame sous les tropiques), la critique de Vanity Fair semble la plus adaptée: ‘Un magnifique véritable fiasco’ s’amusait le magazine américain. Dans la forme, ‘Serenity’ est irréprochable et a tout du grand film: images splendides, casting exceptionnel, atmosphère forte et mystérieuse… La production purement technique du film est sans conteste une totale réussite. Dans le fond, c’est une toute autre histoire. Si le film bascule étonnement du mélo au film de genre et ne manque pas d’intriguer (et de dérouter), appuyé par des acteurs irréprochables, son traitement narratif, digne d’un thriller des années 90 (en clin d’œil aux références ‘Calme Blanc’ ou ‘Proposition indécente’), frôle l’accident industriel, et le scénario, souvent indigent, coulent le film au fond de l’océan Indien. Ou Pacifique ? Plymouth Island, magnifique personnage principal du film, est une petite île Maurice, très belle, ensoleillée et colorée. Une île Maurice aux accents des Caraïbes (lieu initialement prévu pour le tournage du film, mais la météo en aura décidé autrement). Essentiellement filmé sur la plage et le débarcadère du restaurant Le Pescatore à Trou aux Biches (complété par quelques plans de l’église de Cap Malheureux, du phare d’Albion, du Royal Palm, de la côte de Tamarin, des champs de canne et du Coin de Mire), ‘Serenity’ séduit par son univers, avec ses images chaudes, son bar convivial et ses décors colorés. Dommage que le casting, très réduit, n’ait pas davantage intégré d’acteurs mauriciens (ici tous figurants. Vinaya Sungkur, qui donnait la réplique à Jason Clarke à la réception du Royal Palm a, par exemple, subi les cut de la production au montage). De belles images et un beau casting ne font pas un grand film. Déshumanisé, on gardera de ‘Serenity’ le formidable cadre de l’île Maurice : ses paysages, sa lumière, ses boutiques et son street food, formant un décor naturel et urbain exceptionnel. Avec la qualité technique du film, c’est là, l’autre grande réussite du film. Et ça, c’est une excellente nouvelle! A qui le tour?
Serenity –
69%
De Steven KnightAvec Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Jason Clarke Genre: Drame, Thriller Durée: 1h47 Synopsis: Capitaine d'un bateau de pêche, Baker Dill est recontacté par son ex-femme qui lui demande de la sauver elle et son fils de son nouveau mari, un homme violent. Elle le supplie de proposer à son mari une excursion en mer au cours de laquelle Dill le livrerait aux requins infestant l'enclave tropicale de Plymouth... Scéances:
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