Jurgen Eric : « Le street art participe à la régénération de Port-Louis »

Catégorie Design | Art / Publié le 28 Novembre 2017

Le street art créateur de lien social ? Les murs du festival Porlwi sont, non seulement très beaux, mais sont surtout les nouveaux totems de notre capitale. Lieu de rendez-vous, nouvelle étape touristique, repère artistique ou simple apport de couleurs, le street art est, à l’image d’un tatouage sur le corps, une marque identitaire pour les murs de Port-Louis. Qu’ils soient célèbres ou méconnus, mauriciens ou étrangers, les artistes qui se sont attaqués aux murs délabrés de la capitale mauricienne ont apporté un indéniable surplus d’âme, d’identité et de couleur aux rues du centre-ville. Alors, quelles seront les teintes de cette troisième édition du festival Porlwi ? Une seule personne pouvait nous éclairer sur le programme de cette année. C’est Jurgen Eric, aka Gun, membre des collectifs Bark in the Yard (Londres), Style Needs No Color (Berlin), Army of Snipers (Hawaï) et personnalité du comité artistique de Porlwi, responsable du street art depuis la création du festival. Couleur!

Jurgen, le street art version Porlwi by Nature ça va donner quoi?

Plein de belles choses ! Le thème ‘nature’ de cette année nous permet d’adapter notre programmation. Nous avons orienté nos recherches vers des artistes ayant l’habitude d’inclure la nature dans leur travail. Ces artistes viennent du monde entier et sont libres dans leur réflexion. Ils vont amener la nature dans Port-Louis à leur manière, sur des murs qui resteront. Les performances seront diverses, entre murs peints, travail sur la calligraphie et installations, comme le kényan Gitahi qui prévoit de peindre une tortue avec de vrais cactus! Il va œuvrer dans un site encore vierge, autour du moulin du port, avec l’allemand Falk Land et le réunionnais Vincent Box. Ils ont tous commencé à peindre depuis lundi soir. Le reste des artistes sera essentiellement regroupé le long de la rue Bourbon. Cette année, notre objectif est d’animer la rue bourbon et ses alentours pour créer une connexion entre la Citadelle et la zone du grenier-port où se dérouleront de nombreuses performances artistiques. La rue bourbon est un passage obligé du festival pour découvrir de supers artistes. Je pense notamment au mur du réunionnais Meo974, un oiseau géant qui devrait dépasser les 30 mètres de hauteur, soit plus que ‘Room 712’ l’œuvre des berlinois de Quintessenz l’année dernière! 

Justement, parlons de la programmation, toujours très attendue. Outre Meo974, y-aura-t-il des grands noms du street art comme lors de précédentes éditions?

Oui, la dizaine d’artistes étrangers sélectionnés sont de renommée internationale et habitués des grands festivals artistiques. Je ne vais pas en mettre un en avant particulièrement mais je vous invite à taper leurs noms sur google pour découvrir leur travail (NDLR : La canadienne Andrea Wan, le français Bault et le réunionnais GorgOne font partie des grosses pointures de la programmation avec l’allemand Falk Land, et au-côté d’artistes confirmés ou montants à découvrir en toute fin d’article*, comme le Vénézuélien Picar qui revient après un très beau mur lors de la première édition). Ce qui est intéressant c’est que beaucoup d’artistes nous ont contacté, de Maurice mais surtout de l’étranger. Comme Falk Land, par exemple, qui nous a connu à travers la collaboration avec Quintessenz l’année dernière. Le bouche à oreille fonctionne, et nous avons déjà des demandes pour l’année prochaine! La démarche reste la même : faire venir des artistes étrangers de qualité pour qu’il y ait un échange et un transfert de connaissances avec les artistes mauriciens. Localement, nous aurons encore de grands talents, avec notamment deux habitués du festival : le photographe Eric Lee qui collabore avec l’artiste Evan Sohun pour la première fois, mais aussi Karen Pang, Daphné Doomun, Deekshan Ramgutte, Emilie Bosquet, Joanna Lagesse et Julia Carosin Dame. Et au-delà du festival, le collectif Porlwi souhaite mener d’autres actions dans la capitale : nous avons prévu de faire venir, début 2018, la sud-africaine Faith47 et les espagnols de Boamistura, deux grands noms du street art, dans le cadre du projet social et citoyen de Permoglaze ‘Colors for change’.

Revenons au festival. As-tu un souhait particulier pour cette troisième édition?

J’espère qu’à travers le street art on pourra emmener la nature dans Port-Louis. Les œuvres vont rester, c’est l’occasion de passer un message aux citoyens pour qu’ils respectent la faune et la flore mauricienne, la biodiversité. On souhaite pour cela sensibiliser la jeune génération. Au final, le festival est une impulsion pour encourager la régénération urbaine de Port-Louis et améliorer la qualité de vie des citoyens. Le street art joue un rôle et participe à ce mouvement de régénération. On espère continuer à embellir les rues pour encourager les liens entre les citoyens, et les inciter à se reconnecter à leur environnement. On vous donne rendez-vous dans la rue durant le festival !

*Les autres artistes étrangers de street art sont l’italien Barlo, le collectif américain Chop’em Down qui va documenter le festival, le réunionnais Vincent Box et l’italien Luca Zamoc.

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Un nouveau son, une expo, un ciné ? Méfiez-vous tout lui tient à cœur ! Avec sa plume aiguisée, quand tombe le verdict, c'est "L'amour et la violence"...

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