Si Ban Ki-Moon - le Secrétaire Général de l’ONU en visite officielle sur notre île en ce début de semaine - estime que "l’Ile Maurice est un exemple de développement durable pour le reste du monde" il y a du souci à se faire pour les générations futures ! Plus sérieusement, Maurice, dans le sillage d’une intimidante COP21, semble en effet prendre le chemin de la raison et de la responsabilité à travers des mesures concrètes : l’interdiction des sacs plastiques depuis le 1er Janvier 2016 (Rodrigues, modèle d’engagement écologique s’y est mis depuis 2014) et la fermeture de la pêche à l’ourite en Août prochain..., les lagons mauriciens pointent enfin le bout de leur nez. Un film-documentaire "Vey Nou Lagon" a réussit l’exploit de rassembler politiques, grands patrons et grand public autour d’un sujet brûlant dont tout le monde semblait se moquer il y a peu: la disparition des lagons mauriciens, trésors de l’Ile Maurice.
Cet exploit et cette sensibilisation bienvenue sont l’œuvre de Vanina Harel (qui vient de terminer un Master en Production de Documentaire à Washington) et Zara Currimjee (qui travaille pour la célèbre organisation Oceana à Washington), deux jeunes mauriciennes établies aux Etats-Unis, affectées par la détérioration de leur "terrain de jeu d’enfance" et réalisatrices de ce film-documentaire de 22 minutes "Vey Nou Lagon". Assistées en directeur photo d’un Azim Moolan décidément très actif et qu’on ne présente plus (lire notre article: Azim Moollan l'artiste du futur), Vanina et Zara ont réussi la première étape de leur pari : sensibiliser. Le film suit des pêcheurs de Maurice et Rodrigues qui témoignent de la dégradation des lagons, et s'intéresse plus particulièrement à Georgie, un pêcheur aux casiers de Poste de Flacq, qui est aussi jardinier et cuisinier pour nourrir ses enfants. Une avant-première très médiatique le 2 Mai au Cinéma Star de Bagatelle puis des projections gratuites en plein-air dans les villages de pêcheurs de Poste de Flacq, La Preneuse, Baie du Cap et Grand Gaube, ont contribué à faire de "Vey Nou Lagon" l’étendard qu’il manquait aux pêcheurs mauriciens, aux ONG et aux mauriciens engagés, tous désespérés d’une telle situation. Aujourd’hui si le public est partie prenante de la démarche du film il doit désormais agir. "Nous avons tous, mauriciens, un rôle à jouer" nous explique Vanina. "Chacun de nous a un impact sur la santé des lagons et par des gestes simples dans notre vie de tous les jours, nous pouvons contribuer à les protéger". Et le gouvernement que fait-il ? Son rôle est essentiel dans cette prise de conscience collective. Bonne nouvelle la tendance évolue dans "le bon sens": après l'annonce de la fermeture de la pêche à l'ourite, la Ministre Leela Devi Dookhun Luchoomun a promis de diffuser le film "Vey Nou Lagon" dans les écoles. Ce film-documentaire n’en ai donc qu’au début de son histoire mais sème des graines solides pour demain. "Nous avons soumis le films à plusieurs festivals internationaux qui auront lieu en automne et prévoyons d’utiliser le film dans des conférences internationales pour la protection des Océans" nous annonce Vanina. Pour tous ceux qui ont raté les projections publiques, le DVD de "Vey Nou Lagon" sera mis en vente la semaine prochaine à travers l’île. C’est un devoir de le voir et de le partager, comme l'explique Vanina Harel: "Il y a beaucoup de travail à faire à Maurice au niveau de l'environnement et cela doit venir de la population et de l'éducation des enfants. On avance dans la bonne direction et espère que Vey Nou Lagon va continuer ce mouvement pour la protection de nos lagons". On l’espère aussi et on accompagnera sans retenue le mouvement ! (Cet article est un repost du 13 Mai 2016) |