De toutes les adaptations de Stephen King, ‘The Shining’ ('Shining' en VF, 1980) reste de très loin la plus réussie. Le film de Stanley Kubrick, sommet absolu du film d’épouvante, est pourtant l’une des rares adaptations reniées par le ‘maître de l’horreur’ himself. Cette semaine sort dans les salles mauriciennes sa suite officielle, ‘Doctor Sleep’, adaptée du roman éponyme de Stephen King sorti en 2013. Derrière la caméra? Mike Flanagan, le showrunner de l’exceptionnelle première saison de ‘The Haunting of Hill House’, devenu depuis la nouvelle coqueluche du cinéma d’horreur, a la lourde tâche de succéder au plus grand réalisateur de l’histoire du cinéma moderne. Oui, la comparaison est risquée. Et non, Mike Flanagan n’est pas Stanley Kubrick! Le réalisateur américain de 41 ans, dont la ‘hype’ actuelle lui permet d’endosser ici une triple casquette rarissime (réalisateur, monteur et scénariste) signe, non sans panache, cette suite tant attendue de ‘The Shining’… et il a semble-t-il travaillé en étroite collaboration avec Stephen King. Car, si Stanley Kubrick avait eu la bonne idée de se détacher de l’univers paranormal du romancier pour en faire un film d’horreur absolu et réaliste, Flanagan a choisi (?) de rester fidèle à l’univers fantastique cher à Stephen King. Habilement réalisé, ‘Doctor Sleep’ vaut surtout pour son atmosphère, appuyée et faussement rassurante (typique du romancier), et ses clins d’œil (appuyés eux-aussi) au film de Kubrick (notamment dans un final en mode ‘revival’ assez plaisant dans l’Overlook Hotel ). L’histoire (à lire plus bas) débute quelques mois après le massacre de ‘The Shining’, et s’intéresse à la vie de l'extra-sensible Dan Torrance (l’enfant lors du drame à l’Overlook Hotel, devenu adulte et alcoolique), interprété par un Ewan McGregor qui porte le film. Formellement impeccable, le film de Mike Flanagan oublie quelques ingrédients de base: on frissonne trop rarement et les enjeux narratifs sont assez faibles. C'est bien dommage, car, à l’image de ‘The Haunting of Hill House’, le film prend son temps pour présenter ses personnages et créer une tension palpable presque envoûtante. Reste que ce ‘Doctor Sleep’ est finalement un petit exploit pour Flanagan: il réussit à honorer ses écrasants tuteurs – King et Kubrick –, presque à les réconcilier, tout en y insufflant sa propre personnalité. Chapeau. |