Popcorn | Série / Publié le 29 Novembre 2021 |
'Hellbound', le culte de la terreur
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Certains se seront arrêtés à la première scène, ultra-violente, expéditive, plutôt moche, sans fondements ni introduction. Les autres se seront laisser happer (dévorer) par une série magnifiquement construite en deux parties de trois épisodes et dont le propos est bien plus subtil qu’il n’y paraît. On est loin du formaté 'Squid Game'. Derrière ce nouveau phénomène Netflix Sud-Coréen: Sang-Ho Yeon, le scénariste et réalisateur du phénoménal 'Dernier train pour Busan'. Dans 'Hellbound', des créatures d’un autre monde (très laides par ailleurs) apparaissent furtivement du jour au lendemain pour émettre un décret et condamner des individus à aller en enfer. Leur mort est annoncée par une date et un jour. L’exécution (filmée par les médias et diffusés sur les réseaux sociaux) est un carnage, entre absorption de l’âme et corps calciné. Avec son intro outrancière, la crainte d'une série versant dans le fantastique est vite balayée par Sang-Ho Yeon, qui préfère s'attarder sur l'émotion et les questions philosophiques plutôt que les effets spéciaux. Adaptée de la webtoon 'Hell', 'Hellbound' est une série terrifiante qui prend de l’ampleur à chaque épisode. Son charme? Laisser planer l’horreur en toile de fond pour mieux raconter une enquête policière passionnante. Ces anges, ou plutôt ces monstres, sont-ils des envoyés de Dieu? Est-ce une justice divine qui punit les mauvaises âmes? Si quelques scènes sont d’une violence abyssale, c’est la manière radicale dont le monde réagit qui impressionne le plus. L’exploitation du phénomène - des médias aux groupuscules fanatiques -, est complétement folle, mais semble diablement réaliste. A l’inverse du slasher 'Destination Finale', dont les personnages cherchent par tous les moyens à éviter une mort inéluctable, ceux de 'Hellbound', condamnés par l’enfer, sont résignés à leur sort, sagement, souvent dans l’ombre, à l’image d’une culture sud-coréenne (et plus globalement asiatique) où la discrétion et l’image sociale sont des fondamentaux. A l’écran, Hyun-joo Kim ('Watcher') en avocate rebelle et Kyung-soo Ryu ('The Call') en prêtre du culte complétement allumé, portent la série vers le haut. Tout comme l’acteur de 35 ans Ah-In Yoo (révélé sur Netflix dans le film de zombies '#Alive') dans le rôle du président-fondateur de 'Nouvelle Vérité'. Il marche sur les pas de Mehdi Dehbi dans 'Messiah' et entretient ce même charisme, cette même retenue, que l’acteur belge dans la troublante série américaine. L’analogie entre les deux séries est évidente, notamment sur l’exploitation religieuse de faits inexpliqués. Mais quand 'Messiah' se tourne vers son messie et ses mystères, 'Hellbound' se tourne vers la société et ses vices. C’est là qu’elle prend une tournure fascinante. Sang-Ho Yeon, virtuose des caméras moins des scénarios, se rattrape brillamment après un très lourd 'Peninsula', son dernier film. Avec 'Hellbound' le réalisateur sud-coréen signe une réflexion passionnante et couvre sa série d'un voile mystérieux qui hante chaque plan, rappelant le film culte 'Memories of Murder' de Bong Joon Ho. Pourtant interdit aux moins de 18 ans, 'Hellbound' connait un succès record sur la plateforme. À peine remis du succès de 'Squid Game', la planète série frémit à nouveau devant une production sud-coréenne, confirmant la hype de la péninsule depuis la consécration du film 'Parasite' de Bong Joon-ho. Et cette histoire de monstres est loin d'être finie... |
Victor GENESTAR
- Requiem for a Dream
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