Il était temps! Les cinémas mauriciens réouvrent enfin leurs portes. On espérait 'Dune' de Denis Villeneuve. On se console avec un bel événement surgit de nulle part (quand on habite Maurice): la sortie ce mercredi du nouveau James Bond. Huit jours après l’avant-première mondiale à Londres, en même temps que la sortie française et deux jours avant les Etats-Unis, 'No Time To Die' ('Mourir peut attendre' en VF) est en salles à Maurice! Ce 25e opus de la franchise de Ian Fleming, décalé plusieurs fois en raison de la pandémie de Covid-19, est une histoire de talents. Danny Boyle, initialement choisi pour remplacer Sam Mendes, a quitté le navire, remplacé par Cary Joji Fukunaga. Le jeune et brillantissime réalisateur des huit épisodes de la saison 1 (culte) de 'True Detective' et du premier long-métrage Netflix de l’histoire, 'Beasts Of No Nation', avait la lourde tâche de maintenir la saga au sommet artistique, dans le sillage des deux derniers James Bond de Sam Mendes: 'Skyfall' (2012) et 'Spectre' (2015). Mission Impossible? Pas pour Cary Joji Fukunaga qui s’en sort haut la main. D'une élégance visuelle rare, 'Mourir peut attendre' suit un James Bond retraité, qui sort de l’ombre (plutôt du soleil) pour aider un vieil ami de la CIA. La caméra de Cary Joji Fukunaga nous balade durant 2h43 (la plus longue de la saga!) dans des lieux extraordinaires, des plages Jamaïcaines à une île isolée Japonaise (en réalité tourné dans les îles Féroé) en passant par un vieux théâtre à l’ambiance Art déco de La Havane. La balade est somptueuse. Mention spéciale à tous les plans tournés au sud de l’Italie, à Matera, qui composent une (longue) introduction absolument délicieuse. Dans ce voyage rythmé et sans fausses notes (la musique de Hans Zimmer et la fameuse chanson d'intro signée Billie Eilish - qui pour l’anecdote devient, à 18 ans, la plus jeune artiste de l'histoire à écrire et chanter le titre principal d'un film de la saga 007 -, sont remarquables), on croise un casting cinq étoiles. Les habitués, Ralph Fiennes (M), Ben Whishaw (Q), Christoph Waltz (Blofeld) et la Française Léa Seydoux (Madeleine, le grand amour de Bond), ont tous repris leur rôle de 'Spectre'. En nouveauté, la Cubaine Ana de Armas ('Blade Runner 2049') crève l’écran en bombe sensuelle de la CIA, mais c’est surtout Lashana Lynch, créditée du titre de 007 qui suscite la curiosité: l’actrice est la première femme noire à incarner l'agent 007 et à avoir le permis de tuer dans la franchise cinématographique. Et le grand méchant? C'est Rami Malek, la star de 'Mr Robot' et 'Bohemian Rhapsody', qui bien que dans un rôle purement fonctionnel est encore une fois impeccable. Un mot qui colle parfaitement à la peau de ce James Bond (habillé par Tom Ford) qui bascule en finesse dans un nouveau monde et ose l'émotion, loin du classicisme ringard de ses prédécesseurs. Seul bémol, et plutôt majeur, le scénario, franchement léger pour une production aussi ambitieuse (250 millions de dollars tout de même). On se consolera largement avec des images et des acteurs magnifiques. Après 16 ans de service, 'Mourir peut attendre' était la cinquième et dernière apparition de Daniel Craig en James Bond. L'acteur Anglais aura redonné de la musculature et du souffle à une franchise vieille de 59 ans ('Dr. No' en 1962) où se sont succédés, avec plus ou moins de réussite, l’Écossais Sean Connery, l’Australien George Lazenby, l’Anglais Roger Moore, le Gallois Timothy Dalton puis l’Irlandais Pierce Brosnan, tous issus du Commonwealth. Qui succédera à Daniel Craig? Ce ne serait pas Lashana Lynch assure la production, mais toujours un homme. Idris Elba et Tom Hardy sont en pôle. En attendant la fin des spéculations, 'Mourir peut attendre' est en salles dans tous les Cinémastar et MCiné de l’île. Vive le cinéma! |