Le nouveau film de Guillermo del Toro ne sortira pas en salles à Maurice. La nouveauté de la semaine? 'Moonfall' de Roland Emmerich, blockbuster de science-(très) fiction à qui l’on décerne la palme du film le plus débile de la galaxie. Revenons aux choses sérieuses. 'Nightmare Alley', mené d'une main de maître et en lice pour les Oscars (dont celui du meilleur film), confirme le nouveau statut du réalisateur mexicain proclamé roi des enchanteurs. Les premières minutes passées à parcourir cette 'Nightmare Alley' sont envoutantes. Le personnage de Bradley Cooper, en fuite, y trouve son refuge, se fondant dans les décors du cirque, côtoyant une panoplie de freaks et de bonimenteurs, participant à des shows destinés à s’évader le temps d’un spectacle bricolé. Cette nouvelle adaptation du roman 'Le Charlatan' (1946) de William Lindsay Gresham, déroule une mécanique assez prévisible, mais parfaitement huilée. Guillermo del Toro délaisse ses monstres fantastiques, pour d’autres créatures tout aussi féroces, les hommes. Son 'Nightmare Alley' est un film noir, une plongée en apnée dans les années 40, dans cette foire aux monstres qu’il semble avoir façonnée comme un bijou. Des décors aux costumes, de la photographie à la direction artistique, tout y est impeccable, monté comme un grand spectacle dont Bradley Cooper serait le maître de cérémonie, tirant ses ficelles, distillant son poison, entouré d’un casting de seconds rôles éblouissants. Après le sacre de son dernier film, 'La forme de l’eau' (Oscars du meilleur film et du meilleur réalisateur en 2018), le réalisateur mexicain estampillé maître du fantastique depuis le formidable 'Le Labyrinthe de Pan' (2006), prouve une fois encore qu’il fait partie des meilleurs créateurs d’atmosphère d’Hollywood. Somptueux. |