Être cinéphile à Maurice est un long chemin de croix qui ne passe que trop rarement par les cinémas mauriciens. Au milieu d’une avalanche de blockbusters hollywoodiens et bollywoodiens, s’immiscent quelques comédies françaises (les mauvaises) et séries B (inégales). La programmation des salles mauriciennes manque cruellement d’imagination et de diversité. ‘J’accuse’ de Roman Polanski, ‘The Lighthouse‘ de Robert Egger, ‘Les Misérables’ de Ladj Ly, ‘Hors normes’ d’Olivier Nakache et Eric Toledano, ‘Douleur et Gloire’ de Pedro Almodovar, ‘Parasite’ de Bong Joon-ho… autant de films d’auteur acclamés (et de succès au Box-Office) qui n’ont pas eu les ‘honneurs’ d’une sortie sur l’île. Incohérent. Parlons cinéma. ‘Parasite’, Palme d’or du dernier festival de Cannes, a fait l’unanimité partout où il est passé. Séance de rattrapage sur un film formidable. Bong Joon-ho est un phénomène. Le réalisateur et scénariste Sud-Coréen des excellents ‘Memories of Murder’ (2003), ‘The Host’ (2006), ‘Snowpiercer’ (2013) et plus récemment ‘Okja’ (2017 pour Netflix), a frappé un nouveau grand coup avec ‘Parasite’, fable sociale complètement folle et génialement audacieuse tournée dans la banlieue de Séoul. Son film, entre comédie noire et thriller en huis-clos, séduit par son récit rythmé et captivant: les membres d’une famille au chômage vivant dans un sous-sol tentent de se faire embaucher individuellement par une richissime famille vivant dans une maison ultra-moderne. Toujours malin et filmé de manière virtuose, ‘Parasite’ est pensé comme une parabole contemporaine sur la lutte des classes. Les acteurs, en tête la star Kang-ho Song, sont au diapason du récit comme habité par une folie contagieuse. Du cinéma incisif comme on l'aime. Jubilatoire. A voir d'urgence... en streaming.
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