Idées | Histoire & Patrimoine / Publié le 04 Août 2017
“Sauver l’écrit aussi” par Gilbert Ahnee

C’est en plein cœur de Port-Louis, on y assure un service d’exception. A l’entrée, au premier étage, le regard ne peut éviter de se poser sur une riche gravure de Neermala Luckeenarain. Un peu plus loin, sur les rayonnages muraux, le choix est vraiment très étendu, les volumes des Vies parallèles et des Œuvres morales de Plutarque sont voisines des douze tomes du Study of History d’Arnold J. Toynbee. C’est dire si l’on y trouve des choses rares et précieuses, comme aussi d’ailleurs l’accès gratuit pour tous à l’Internet.

Où donc ? L’immeuble est bordé par les rues Edith Cavell, St-Louis  et Chevreau, ces fort appréciables prestations étant proposées par la Bibliothèque nationale. On peut aussi y consulter les collections de journaux du passé, du Cernéen de 1886 à l’express de 1968, en passant par The Mauritius Indian Times de 1922 ou Le Mauricien de 1936. Du moins théoriquement. Car si les reliures ont résisté à l’épreuve du temps, les journaux, dans bien des cas, sont dans un état tel que quiconque tenterait de tourner une page la verrait se transformer en poussière sous ses yeux. Ce n’est plus du papier, c’est du biscuit. 

En 1985, alors que les journaux étaient encore empilés dans un bâtiment industriel à Coromandel, il était aisément possible néanmoins de consulter les collections de 1885, âgées de 100 ans. En 2010, les journaux de 1910, de 1920, voire de 1925 n’étaient plus consultables. En 25 ans, nous avions perdu 15 années supplémentaires de mémoire. Et cela n’est pas de la faute des personnes qui gèrent ces fonds, c’est la conséquence d’un cruel manque de moyens. 

Défenseurs du patrimoine, mobilisons-nous. Les ravages de l’oubli ne défigurent pas que le bâti.

Gilbert AHNEE - L'Observateur

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