Netflix distille ses merveilles au compte-gouttes. Enfin, point de production Netflix ici mais un film espagnol historique destiné à une sortie en salles mais que personne - ou presque - n’aura pu voir au cinéma dans ce monde confiné. Vendredi 12 mars, Netflix sauve la mise et propulse le film d’auteur 'Akelarre' aux quatre coins du globe. Entre temps, 'Akelarre' sonnait sa vengeance en raflant 5 récompenses (surtout techniques) lors de la cérémonie des Goya 2021, l'équivalent des oscars pour le cinéma espagnol. C’était le 6 mars dernier. Un triomphe mérité pour ce film magnifique, tant dans la forme que dans le fond, qui revient sur la terrifiante chasse aux sorcières dans le Pays Basque au XVIIe siècle.
Le méconnu réalisateur argentin Pablo Agüero (Eva ne dort pas) sort de l’ombre. Son 'Akelarre' (terme basque pour désigner le 'sabbat', ces assemblées nocturnes de sorcières), tourné au Pays Basque entre l’Espagne et La France, notamment à St Jean de Luz, frappe d’entrée par son élégance visuelle. Décor immersif, casting épatant, photographie crépusculaire, tous les ingrédients d’un grand film sont réunis. 'Akelarre', film historique au premier abord classique, est finalement révolté. L’histoire fait froid dans le dos et suit de manière intimiste, sans effets grandiloquents, le procès d’une bande d’amies de 17 ans accusées de sorcellerie pour avoir dansé dans les bois. Cet ersatz de procès est le reflet d’un pan tristement historique de l'Inquisition espagnole du XVIIe siècle où 7000 femmes (ou jeunes filles) ont été jugées dans des villages du Pays basque pour éliminer la sorcellerie. Une période d’hystérie collective, sur fond d’hypocrisie et de religion, sobrement dépeinte dans le film. La femme est mise sur le bûcher. Captivant et révoltant, 'Akelarre' devient jouissif quand son réalisateur sonne la révolte offrant une autre lecture du film, plus contemporaine et engagée. A voir. |