Idées | Tendances / Publié le 28 Juin 2019
L'Atelier Mo'Zar au Brésil: de l'amour et de la colère

José Thérèse doit avoir un grand sourire aux lèvres, d’où qu’il soit. Cinq ans après son décès, l’Atelier Mo’Zar, qu’il fonde en 1996, continue de former et d'accompagner les jeunes musiciens de la région de Roche Bois. Une nouvelle équipe, mais toujours la même mission: combattre l’exclusion et permettre aux artistes de se professionnaliser. Après Cuba en 2018, les élèves de l’atelier, surnommés affectueusement les "Mo’mos", se sont rendus à Rio, au Brésil, pour participer à la 16e édition du Rio Das Ostras Jazz & Blues Festival (20-23 juin à 100 kilomètres de Rio). Seize musiciens, sélectionnés par le fameux trompettiste compositeur (et professeur), Philippe Thomas, ont permis au 'séga jazz' de s’exporter vers de nouveaux horizons… à plus de 11.000 kilomètres! Valérie Lemaire, la nouvelle directrice de l’atelier, revient pour La isla sur cette belle aventure.

"C’est difficile à décrire, mais les retombées humaines sont énormes. Le mot qui résume mon impression est ‘fierté’, pour chaque personne qui de près ou de loin soutient le projet Mo'zar et surtout, pour mes Mo'mos!" Valérie Lemaire, qui était du déplacement, reste sous le charme de son voyage. Leur participation au Rio Das Ostras Jazz & Blues Festival s’inscrit dans le programme ‘Fly me to the moon Project’, mis en place par Mo’zar depuis 2 ans, et qui comprend des masterclass, une préparation au HSC Music et la participation à un festival international par an. Pour Jazzy Christophe, saxo alto, 17 ans, (qui a bénéficié d’un stage d’été au Berklee College of Music, à Boston), participer à ce grand festival international était "une incroyable opportunité qui m’a apporté de la maturité sur scène". Comme lui, tous ses camarades sont sur un petit nuage et parlent d’une même voix de ce festival comme "d’un rêve éveillé". Alexson, pianiste de 20 ans, est quant à lui impressionné par l’organisation du festival et "touché d’avoir été traité professionnellement, comme tous les autres artistes pourtant bien plus expérimentés".   

Ce projet d'envergure a été rendu possible grâce au soutien financier du secteur privé (IBL, Currimjee Group, Lottotech, Harel Mallac, Taylor Smith, Deeraman Group, J&B Trading, entres autres). "Quant au gouvernement, rien. Même pas une roupie d’encouragement. Le Ministre de la Culture nous a expliqué que son ministère ne pouvait pas nous aider, personne n’a bougé!", s’indigne Valérie Lemaire. "Aujourd’hui encore il faut mendier pour réaliser nos projets. Le gouvernement n’a visiblement pas compris qu’un artiste en devenir doit pouvoir aller se frotter à d’autres artistes à l’étranger pour progresser." Le coup de gueule de Valérie Lemaire, partagé par le milieu culturel en général et adressé par écrit au gouvernement, est resté sans réponses.

Programmé en ouverture du festival sur la scène 'Novos talentos' (nouveaux talents) et sous le nom ‘The Mo’zar Jazz Band (Ilhas Mauricio)', les Mo’mos ont fait honneur à l’île Maurice. "Humainement, les enfants ont reçu tellement d’amour des Brésiliens, et des Mauriciens via les réseaux sociaux. Lorsque quelqu’un comme Lucky Peterson (NDLR: musicien et chanteur de blues et de jazz américain) félicite et encourage nos élèves, c’est énorme pour eux, ils ont été vus et applaudis par des milliers de personnes!" Sans compter les passagers d’Emirates (entre Dubaï et Rio), qui ont eu droit à une prestation en plein vol suite à la demande de l’équipage!

En attendant l’année prochaine et un nouveau festival (non définit pour l’instant), les élèves poursuivent leur chemin: certains sont rentrés à Maurice pour reprendre les cours et huit autres élèves s’envolent pour l’Italie dans le cadre d’un stage de perfectionnement. L’aventure continue!

[Aller + loin: Voir la vidéo de la prestation des élèves de l'Atelier Mo'Zar au Rio Das Ostras Jazz & Blues Festival 2019]

Stacy FEVRIER - The Butterfly Effect

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