Idées | Histoire & Patrimoine / Publié le 28 Mars 2017 |
l'Ile Maurice aux 500 000 coolies
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La programmation d’Emmanuel Richon, le conservateur du Blue Penny Museum, beau petit musée du Caudan (Port-Louis), est toujours de qualité et nous éclaire sur l’histoire de l’Ile Maurice. Après l’exposition sur les Chagos puis sur le scientifique mauricien Brown-Sequard (Lire notre article : Charles-Edouard Brown-Sequard le mauricien qui inspira Dr Jekyll ans Mr Hyde.) place à un autre chapitre de l’histoire mauricienne. Du 12 Mars au 23 Avril le Blue Penny Museum organise l’exposition photographique "Coolies, engagés, immigrants". Eclairages. Le mot "coolie" est un terme désignant entre autres un travailleur libre venu d’Inde au XIXeme siècle. L’Ile Maurice a été l’une des destinations phares de la "route des coolies". Tout a commencé à l’abolition de l’esclavage en 1835. L’agriculture mauricienne nécessitait une main-d'œuvre importante. Faute d’esclaves il a fallu dénicher une nouvelle main d’œuvre. Le 2 novembre 1834, l'Atlas accoste à Port-Louis avec 72 indiens originaires de Calcutta. Ces volontaires indiens seront les premiers des 500 000 coolies "engagés" à débarquer sur notre île jusqu'en 1920. Provenant essentiellement du Sud-Ouest de l’Inde (Côte de Malabar et Pondichéry) ces nouveaux travailleurs en quête d'un nouvel eldorado se sont "engagés" volontairement à travers un contrat de plusieurs années (au terme duquel en théorie le coolie pouvait revenir dans son pays d’origine). Une vague de dizaines de milliers de coolie a débarqué à l’Ile Maurice passant par le "Coolie Ghat" à Port-Louis (Un site symbolique renommé depuis Aapravasi Ghat et inscrit au patrimoine mondial de l’Humanité en 2006 pour rendre hommages à ces immigrés qui ont débarqué sur notre île). Cette main d’œuvre agricole, mais aussi des ouvriers et artisans qualifiés recrutés par la Compagnie des Indes, a subi tout au long du XIXe et du début du XXe siècle un mauvais traitement pouvant rappeler le sort réservé aux esclaves. Ces "émigrés libres" du post esclavagisme ont pourtant permis le développement de l’Ile Maurice. Le coolie, qui a notamment accompagné les premiers esclaves libres, a eu un rôle essentiel dans la transition économique et social de l’Ile Maurice, contribuant à son équilibre multi-culturel. Le poète mauricien Khal Torabully ira même jusqu’à créer en 1992 le néologisme "coolitude" pour évoquer cette diversité culturelle. L’exposition "Coolies, engagés, immigrants" rassemble entre autres de nombreux documents administratifs et des photographies de coolies prises par des employés de l’immigration (datant de 1870 au début des années 1900) à leur arrivée à Aapravasi Ghat. L’exposition est en accès gratuit du Lundi au Samedi de 10h à 16h30. Cet article est un repost du 10 Mars 2016 |
Victor Genestar
- Le Passionné
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