Popcorn | Série / Publié le 20 Avril 2021
'Le Serpent': De la Hippie Trail à la Freak Street

Dévoilée en exclusivité sur la BBC dès le mois de janvier, la série 'Le Serpent' du duo anglais Richard Warlow et Toby Finlay (Ripper Street) est devenue un phénomène mondial depuis sa diffusion sur la plateforme Netflix en ce mois d’avril. Son histoire, incroyable mais vraie, retrace la vie de Charles Sobhraj, célèbre tueur en série de la hippie trail dans les années 70.

Adapté du livre 'La trace du serpent' écrit en 1979, 'Le Serpent' suit le français Charles Sobhraj et sa compagne Marie-Andrée Leclerc dans les pas des routards de la hippie trail. La route des hippies c’est ce trajet parcouru de l'Europe vers l'Asie par la jeunesse Flower Power des années 60 et 70. De l'Afghanistan - un pays où le haschisch est alors en vente libre - aux plages de Goa au sud-ouest de l'Inde, une vague de jeunes Occidentaux contestataires déferlent vers l’Asie. L’étape ultime de ce voyage initiatique: Katmandou au Népal et sa Freak Street, une rue étroite où foisonnent les boutiques de drogues dures et de haschich. La rue des hippies dans le labyrinthe de la capitale Népalaise. La 'Destination Finale'…

Bien loin de l’exubérance pop et sadique d’un slasher movie, cette adaptation du livre de Thomas Thompson est remarquablement menée. A l’image du mode de vie temporaire de ces jeunes backpackers en quête d’aventures, le spectateur est brinquebalé de pays en pays, d’années en années. Un montage un peu bad trip, entre vertiges et palpitations. De Karachi à New Delhi. De Bombay à Katmandou. Des aller-retours incessants dont Bangkok, QG de la série et de son personnage principal, en est le cœur. Insaisissable, vivante, crasseuse, festive, la capitale thaïlandaise, fourmilière humide, pose le cadre de la série. Là est sa force: son atmosphère 70’s parfaitement reconstituée, entre costumes kitsch, tubes de Gainsbourg, étalonnage rétro et focus maladroits. Le décor est planté. 

Mention spéciale à la Freak Street de Katmandou, aussi fascinante par son impression de bout de monde que troublante par ses excès. Cette rue, cette ville encerclée par les montagnes de l'Himalaya, c’est le kiff de Charles Sobhraj (on ne spoilera pas la série). Ce criminel manipulateur narcissique, négociant en pierres précieuses, deviendra un personnage bien connu des français. Ses crimes, ses histoires d’amour, ses évasions. La fascination guette, digne d’un personnage de roman. Voilà l’autre réussite de la série étalée (un peu trop) sur huit épisodes d'environ 55 minutes: Jamais 'Le Serpent' ne tombe dans l’apologie de la violence ni dans la starisation de son personnage incarné par un excellent Tahar Rahim. L'acteur français révélé par Jacques Audiard dans 'Un Prophète' est méconnaissable avec son pastiche et sa dégaine Bollywoodienne. Il est charismatique, sophistiqué, épilé, maniaque façon 'American Psycho'. Mais ici son personnage ne suscite que rejet et colère. Remarquable. Les personnages secondaires, des survivants au diplomate néerlandais Herman Knippenberg (élément clé de l’histoire) jusqu’à Marie-Andrée Leclerc (troublante Jenna Coleman en compagne du tueur en série), sont bien les héros de cette enquête passionnante.

Anecdote finale. La fin du tournage a été perturbée par la pandémie de coronavirus. 'Le Serpent', tourné jusqu'ici en décors réels, fait ses valises. La petite ville anglaise de Tring, située à 50km au nord-ouest de Londres, a dû subir des transformations inattendues pour se déguiser en... Bombay, Karachi et New Delhi. Fin du voyage. L’art de l’illusion. Tring nouvelle étape de la Hippie Trail?


Victor GENESTAR - Requiem for a Dream

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