Cela doit être un rituel ! Une sorte d’entrée en scène initiatique ou la mise en place boulevardière de la prochaine lamentation du futur maire sortant. Le nouveau premier magistrat de la capitale - chez nous, Madame, Monsieur, on en change tous les ans ! – annonce la remise à neuf de la toiture du théâtre de Port-Louis. Cela, apprend-on, devrait coûter Rs 67 millions. Et à un quotidien d’annoncer que le site, après rénovation, abritera un espace pour les expositions – ce doit être ce qu’on appelle une galerie, un bureau de tourisme, une salle des fêtes et un café. Pourquoi pas un spa et des guichets pour le Loto tant qu’à faire ?
Assumons que tous ceux qui veulent bien concevoir et financer ce projet de rénovation savent assurément qu’un théâtre sert à présenter à un public assis dans sa salle des œuvres interprétées sur sa scène. Ceci étant admis, on devrait aussi accepter que ce théâtre rénové n’est pas destiné aux assemblées générales de syndicats, aux remises de prix de collèges de la capitale ou aux causeries de prédicateurs de passage. S’il était entendu que le théâtre de Port-Louis – comme celui de Rose-Hil d’ailleurs – doit-être exclusivement un théâtre, sans doute faudrait-il alors s’inquiéter de quelques préalables. Un théâtre ne peut se passer d’un directeur de théâtre. En l’absence d’un permanent à ce poste, il faudrait au moins un comité de sélection, en mesure d’établir une programmation. Le public qui se déplace pour aller au spectacle est-il capable d’assurer la masse critique requise pour faire vivre des artistes – et entretenir les murs de leur salle de spectacle ? Dans quelle mesure peut-on, en motivant hôteliers et tour-opérateurs, faire vivre ce théâtre en y présentant aussi, principalement aux touristes, un spectacle conçu avec les meilleurs compositeurs, paroliers, metteurs en scène de la région ? Un théâtre, par ailleurs, peut-il vivre dans un ville morte ? |